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La CAQ ne manque pas de cynisme
La CAQ ne manque pas de cynisme

La Presse

time10-07-2025

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La CAQ ne manque pas de cynisme

Le premier ministre François Legault au Salon rouge de l'Assemblée nationale du Québec, en juin dernier La CAQ ne manque pas de cynisme Ahhh l'été ! Le soleil, les vacances, le moment béni où l'on se permet enfin de décrocher du train-train quotidien. C'est exactement ce moment que la Coalition avenir Québec (CAQ) a choisi pour déclencher l'élection complémentaire qui aura lieu le 11 août dans la circonscription d'Arthabaska-L'Érable. François Legault aurait pu tenir le scrutin depuis quatre mois, car le siège est libre depuis la démission d'Eric Lefebvre, qui a largué la CAQ pour se faire élire au fédéral, sous la bannière conservatrice. Aussi, le premier ministre aurait pu attendre jusqu'à la mi-septembre, puisqu'il disposait de six mois après le départ du député pour appeler les électeurs aux urnes. Mais non ! Il a sciemment décidé de lancer la campagne juste avant les vacances de la construction, assurant ainsi un minimum d'attention publique à l'exercice démocratique. C'est d'un rare cynisme politique. Depuis l'an 2000, le Québec a tenu 58 élections complémentaires. Seulement trois se sont déroulées en juillet ou en août. Et encore, le contexte était différent. En août 2006, par exemple, une élection complémentaire avait permis l'élection du péquiste André Boisclair, devenu du même coup chef de l'opposition. Le premier ministre Jean Charest lui avait ouvert grand la porte, en ne présentant aucun candidat contre lui. Cela dit, il est clair que les élections complémentaires tenues en juillet et en août ont obtenu un taux de participation bien inférieur (32 % en moyenne) à celui des autres élections complémentaires (41 %). Voilà la preuve chiffrée que des élections en plein été nuisent au vote. Mais François Legault fait passer les intérêts de la CAQ avant ceux des électeurs d'Arthabaska-L'Érable. En danger dans ce château fort caquiste du Centre-du-Québec, le premier ministre tente de cacher le scrutin qui prend des allures de référendum sur la popularité du gouvernement. Loin d'être une affaire purement locale, les élections complémentaires sont généralement un bon baromètre de l'opinion de l'ensemble de la population, a démontré le professeur de l'Université de Montréal Frédérick Bastien, dans une étude publiée par la Revue canadienne de science politique. À ce compte, la CAQ pourrait subir une sérieuse raclée, puisque les récents sondages placent les caquistes au troisième rang dans les intentions de vote provinciales, loin derrière les libéraux et les péquistes. C'est sans compter le fait que les plus petits partis sont souvent avantagés lors des élections complémentaires qui leur permettent de concentrer leurs énergies à un seul endroit. Ce sera particulièrement vrai dans Arthabaska-L'Érable où se présente le chef du Parti conservateur, Éric Duhaime. Il jouera le tout pour le tout afin d'accéder à l'Assemblée nationale. Mais le Parti québécois, qui a remporté les deux élections complémentaires précédentes, a aussi de grandes aspirations, avec la candidature de l'ancien animateur de Radio-Canada Alex Boissonneault. Au milieu de ce duel, le candidat de la CAQ, Keven Brasseur, sonne comme un vieux disque usé, en chantant les louanges du « parti de l'économie ». Dans ce contexte, l'élection d'Arthabaska-L'Érable revêt un intérêt pour toute la province. Elle pourrait même marquer un tournant, comme d'autres élections complémentaires dans le passé. En 2017, la CAQ avait frappé un grand coup en ravissant le château fort libéral de Louis-Hébert, dans la région de Québec. L'année suivante, François Legault faisait le plein de députés dans les banlieues de la capitale, lors des élections générales. Cette vague lui avait permis d'accéder au pouvoir. Cette fois, la CAQ pourrait vivre le ressac. Mais en tenant des élections alors que les électeurs ont le dos tourné, le gouvernement ne fait qu'alimenter le cynisme de la population, déjà fort désabusée. Entre autres, l'entêtement de la CAQ à construire un troisième lien a contribué à la perte de confiance des électeurs. Pour séduire quelques circonscriptions de la région de Québec, le gouvernement perd sa crédibilité à l'échelle de la province avec ses volte-face absurdes et ses explications contradictoires. Cette semaine, on apprenait que le projet pourrait coûter jusqu'à 9,3 milliards, une facture très élevée au moment où le gouvernement doit faire des coupes partout pour sortir du rouge. Malgré tout, la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, ne s'est pas gênée pour réclamer 275 millions afin de lancer la planification. Après, on ne se demande pas pourquoi la confiance envers les politiciens est en chute libre ! Selon le Baromètre de confiance Edelman, près des deux tiers des Québécois (63 %) étaient d'avis que les politiciens tentaient délibérément de les tromper en 2025, un bond énorme par rapport à 42 % en 20211. Or, la confiance est essentielle au bon fonctionnement de la société. C'est ce qui permet aux politiciens d'exercer le leadership nécessaire pour convaincre la population de prendre des décisions audacieuses. Autrement, on reste calés dans un statu quo malsain. En lançant des élections quand la population regarde ailleurs, la CAQ tente plutôt d'esquiver le débat public. Ce n'est pas en mettant la politicaillerie devant la démocratie qu'on fera avancer le Québec. 1. Consultez le rapport La confiance et la crise du sentiment d'injustice

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